
L’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (APCM) est une association connue pour sa mission officielle de contrôle des audiences de diffusion des médias. L’APCM réalise également de nombreuses et précieuses études. En octobre et novembre dernier, l’APCM a interrogé 673 professionnels des médias et de la communication. C’est sur la presse de leurs métiers de la publicité, de la communication des médias et du marketing qu’ils ont été questionnés.
Le 26 janvier dernier, Amélie Benisty, directrice de l’audience de l’ACPM et Catherine Goudounèche, directrice associée de l’institut d’études MRCC ont présenté les résultats de cette étude lors d’un webinaire. Cette présentation a été suivie d’une table ronde animée par Stéphane Bodier, directeur général de l’ACPM. Cinq responsables de rédaction de cette presse professionnelle française avaient été conviés.
Sept titres sont consultés en moyenne
Cette « étude sur les médias professionnels de la communication » est un plébiscite pour cette presse puisque 56% des interrogés y jugent les infos très importantes et 41% plutôt importantes. Pour son enquête, l’APCM s’est concentrée sur 26 médias et les pros de la communication en consultent sept en moyenne.

Dans le Top 10 des titres favoris, les leaders historiques que sont Stratégies (75%) et CB News (70%) s’imposent devant 100%Media (51%), L’ADN (48%) et Influencia (45%). Les rubriques médias des Echos (39%) et du Figaro (37%) suivent au classement en précédant les pures players du digital que sont La Réclame (35%) et le JDN (33%). La rubrique médias du Monde (28%) termine ce Top 10.
La newsletter comme point de contact n°1
L’étude de l’APCM indique que les lecteurs rencontrent leurs medias via cinq points de contacts en moyenne. La newsletter (78%), le site web (51%) du media et LinkedIn (45%) sont les plus cités devant le fil d’actu de Google (32%) et Twitter (22%). Facebook (9%) apparait bien faible. Le papier (21%) reste présent mais pour combien de temps ? A noter la place du podcast (7%) et des conférences (12%). Ce dernier chiffre est à replacer dans le contexte de la crise sanitaire sachant aussi qu’un répondant sur deux fréquente les événements de la profession toujours selon l’enquête de l’APCM.
Après la présentation de l’étude, une table ronde animée par Stéphane Bodier a réuni Gilles Wybo, directeur de la rédaction et rédacteur en chef de Stratégies, Frédéric Roy, rédacteur en chef de CB News, Thierry Amar, directeur de la rédaction de 100% Media et Sébastien Danet, président d’INfluencia étaient en plateau. Xuoan Duquesne, fondateur et rédacteur en chef de La Réclame participait en visio conférence.
L’objectif d’être utile
Stéphane Bodier a choisi de se concentrer sur les thèmes de la gratuité des contenus, de la distinction entre contenus publicitaires et rédactionnels, des profils recrutés par les rédactions, de la pertinence des sujets corrosifs et enfin des enjeux à venir de cette presse professionnelle.
« Nous avons tous suivi l’évolution du papier au digital, du gratuit au payant, vers le social, vers le mobile, vers le podcast » témoignait Thierry Amar de 100% Media. Sur la délicate question du partage entre rédactionnel et publicité dans le traitement de l’info, il répond que « c’est une question inhérente à toute la presse professionnelle, les lecteurs sont aussi nos clients. Il s’agit de fixer les règles et nous le faisons ici tous très bien. Il faut différencier les univers. Quand on est gratuit comme nous, on ne vit que par la pub et il faut avoir les bons arguments avec les émetteurs d’informations qui demandent à passer des infos forcément publicitaires. C’est une question d’équilibre et de dialogue avec le marché ».
L’enjeu des jeunes générations
En lien direct avec les lignes éditoriales de ces médias, Stéphane Bodier demandait si la presse française était aussi corrosive que la presse pro anglo-saxon. « Aucun d’entre nous n’a l’ambition d’être Le Canard Enchaîné de la com, nous cherchons à être utile » avance Frédéric Roy de CB News. « Nous avons publié le sujet MeTooPub il y a trois ans, ce n’était pas simple » ajoute Gilles Wybo de Stratégies. Globalement, les participants à cette table ronde ont pour ambition d’être utiles à leurs communautés de lecteurs et ne voient pas l’intérêt de provoquer des conflits ou des scandales. C’est une différence culturelle avec la presse anglo-saxonne semble-t-il.
Sur les enjeux à venir du métier, Sébastien Danet qui a repris INfluencia il y a deux ans note que « la pub n’est plus le cœur du réacteur. A coté des agences de publicités, d’autres métiers se sont développés et ont créé leurs communautés de lecteurs ». Gilles Wybo pense que l’un des défis est « d’aller chercher les jeunes générations habituées à s’informer sur les réseaux sociaux ». Même constat pour Frédéric Roy qui souligne « la particularité d’être un objet en papier et ce défi concerne toute la presse écrite ». Même si ces titres de presse leaders ont migré vers le digital et des services payants avec succès, la baisse inexorable de la diffusion de le presse en France les préoccupent.
Si vous avez manqué ce débat, la présentation de l’étude et la table ronde sont à retrouver sur Youtube : Étude sur les Médias Professionnels de la Communication – YouTube